Source : WordPress as CMS for your JAMStack sites de Stefan Baumgartner


La mode est au CMS headless, comprenez au découplage du back et du front. WordPress n’échappe pas à la règle. Même si son API REST ne permet pas encore de faire tout ce qu’on voudrait, il est tout à fait possible d’aller récupérer les contenus entrés par les utilisateurs dans l’interface d’administration qu’ils affectionnent tant pour ensuite les passer à la moulinette d’un générateur de site statique. Stefan Baumgartner a testé pour vous avec Metalsmith, voici comment il a procédé.

La toute-puissante JAMStack offre des sites web statiques rapides et sécurisés, et avec des systèmes de gestion de contenu headless ils deviennent même faciles à éditer ! Toutefois il peut arriver que de temps à autre, vous vous retrouviez devant un blog WordPress avec tellement d’articles (et d’auteurs qui ont peur du changement !) pour que la raison vous pousse à ne pas le migrer. Mais WordPress aussi fonctionne en headless. D’ailleurs, le propre service d’hébergement de WordPress communique avec le core de WordPress uniquement au travers de son API, l’interface d’édition fait partie de la toute nouvelle et belle application Calypso.

Un des gros avantages quand on utilise un générateur de site statique, c’est que généralement il se moque de la provenance de votre contenu. Utilisons donc l’attrayante API REST de WordPress pour récupérer un peu de contenu et générer des sites statiques !

Dans mon exemple, j’utilise le générateur de site statique Metalsmith. C’est juste car je travaille avec au quotidien et qu’il est assez simple de faire tourner de nouveaux plugins dessus. Mais ça marche aussi avec les générateurs de Jekyll par exemple. Du moment que votre générateur sait comment utiliser des fichiers JSON pour les données en entrée, vous pouvez utiliser les exemples de code ci-dessous pour stocker ce qui est retourné dans l’étape de préparation des données. C’est parti !

L’API WordPress

Chaque installation de WordPress possède une API JSON à part entière. Ça veut dire que vous pouvez accéder aux articles et aux pages via des URLs. Ça m’a tout l’air d’un CMS headless ça ! Si vous avez une instance de WordPress qui tourne quelque part, ajoutez /wp-json/wp/v2/posts à la fin de l’URL principale. Vous devriez avoir quelque chose en sortie !

En fait les 10 derniers articles ainsi que toutes leurs métadonnées vous sont présentés dans un format JSON facile à comprendre.

Récupérer les informations sur l’auteur

Vous remarquerez d’emblée que le champ author de chaque article est un nombre. C’est ainsi que les données sont structurées dans WordPress. Il faudrait que vous alliez chercher le numéro dans la table des auteurs et WordPress ne propose pas une URL d’API pour cela.

Toutefois, vous pouvez activer l’option masquée par défaut _embed qui va ajouter toutes les données relatives à l’auteur.

Donc avec https://url-vers-votre-blog/wp-json/wp/v2/posts?_embed vous avez toutes les données dont vous avez besoin !

Récupérer tous les articles

Si vous avez un nombre très important d’articles, le prochain défi sera de les récupérer tous. Malheureusement ce ne sera peut-être pas possible en une seule requête. Vous pouvez maximiser le nombre d’articles retournés à 100 en ajoutant le paramètre supplémentaire per_page :

https://url-vers-votre-blog/wp-json/wp/v2/posts?_embed&per_page=100

Ensuite, il va falloir récupérer les informations de pagination. Il existe un paramètre page qui permet de sélectionner la page que vous souhaitez récupérer. Vous avez la possibilité de l’utiliser récursivement pour récupérer toutes les pages qui existent. Vous pouvez également vérifier les entêtes HTTP personnalisés de WordPress pour connaître le nombre de pages à récupérer. Ici, c’est comme ça que je vais procéder. Gardez juste en tête que les paramètres CORS de votre serveur doivent autoriser le passage de ces entêtes à votre client. L’entête personnalisé qui contient le nombre de pages est X-WP-TotalPages.

Pour télécharger les données, j’utilise isomorphic-fetch, qui fournit la même API fetch pour Node et pour le navigateur. Regardons tout ça :

const fetch = require("isomorphic-fetch");

const mainURL = "http://chemin-vers-votre-blog";
const apiURL = "/wp-json/wp/v2/posts";
const url = `${mainURL}${apiURL}?_embed&per_page=100`;

fetch(url) /* 1 */
  .then(res => {
    const noPages = res.headers.get("X-WP-TotalPages"); /* 2 */
    const pagesToFetch = new Array(noPages - 1)
      .fill(0)
      .map((el, id) => fetch(`${url}&page=${id + 2}`)); /* 3 */
    return Promise.all([res, ...pagesToFetch]); /* 4 */
  })
  .then(results => Promise.all(results.map(el => el.json()))) /* 5 */
  .then(pages => [].concat(...pages)); /* 6 */
  1. Nous téléchargeons les 100 premiers articles de notre blog. Si notre blog WordPress contient moins de 100 articles, nous n’avons plus rien à télécharger.

  2. L’entête X-WP-TotalPages nous indique combien il nous reste de pages à télécharger.

  3. Nous créons un tableau de promesses pour les pages à télécharger, nous commençons à la page 2 (la page 1 a déjà été téléchargée)

  4. Promise.all nous permet de passer le premier résultat et tous les suivants issus de notre tableau pagesToFetch.

  5. Appel de promesse suivant : convertir tous les résultats en JSON.

  6. Et enfin nous convertissons tous nos résultats dans un seul et unique tableau qui contient toutes les données des articles de notre blog.

L’appel .then suivant contiendra un tableau avec toutes les entrées du blog. Vous pouvez stocker ces données sous forme de fichier JSON (si votre générateur de site n’est pas extensible) ou dans notre cas : créer une vraie page de données que nous voulons générer.

Ajouter vos articles dans Metalsmith

Metalsmith — comme beaucoup de générateurs de sites statiques — sait quel est le dossier qui contient vos fichiers source. La plupart du temps au format Markdown. Ces fichiers sont ensuite convertis en HTML. Toutefois, Metalsmith permet aussi d’ajouter des données externes. Il est assez simple de manipuler les tableaux de fichiers et d’ajouter de nouveaux fichiers. La seule chose à savoir c’est que chaque fichier doit posséder une clef unique : l’URL ou le chemin où il va être stocké. Le contenu de chaque entrée est un objet qui contient toutes les données que vous souhaitez stocker. Regardons tout ça !

Un plugin WordPress pour Metalsmith

Metalsmith fonctionne avec des plugins. À chaque fois que vous lancez une génération avec Metalsmith, il va appliquer tous les plugins que vous avez définis, un peu comme avec Gulp.

Réutilisons l’exemple de code précédent et améliorons-le pour en faire un plugin Metalsmith :

const { URL } = require('url’);

const wordpress = (url) => (files, smith, done) => { /* 1 */
  fetch(url)
    /* … include code from above …*/
    .then(allPages => {
      allPages.forEach(page => {
        const relativeURL
          = new URL(page.link).pathname;             /* 2 */
        const key = `./${relativeURL}/index.html`;
        let value = page;                            /* 3 */
        value.layout = 'post.hbs';
        value.contents =
          new Buffer(page.content.rendered, 'utf8');
        files[key] = value;                          /* 4 */
      });
      done();                                        /* 5 */
    });
}
  1. L’interface pour les plugins Metalsmith est (files, metalsmith, done). Le premier paramètre désigne l’ensemble des fichiers qui doivent être transformés en HTML. Le deuxième paramètre est l’objet Metalsmith. Le troisième paramètre est une fonction de callback. C’est particulièrement utile pour les opérations asynchrones. Appelez done lorsque votre plugin a fini son travail.

  2. Une fois que nous avons tous les articles à partir des appels à l’API (voir ci-dessus), nous avons transformé quelque peu les données. D’abord, nous devons modifier les permaliens de WordPress pour que Metalsmith puisse s’y retrouver. Nous utilisons le package URL de Node pour récupérer l’URL relative (sans le nom de domaine) et à partir de cela nous créons un chemin relatif dans le système de fichier. Vous remarquerez que nous ajoutons index.html. De cette manière nous créons tout un tas de dossiers avec un seul fichier HTML dedans. Nous obtenons ainsi de belles URLs pour nos sites statiques.

  3. Ensuite, nous créons des paires clé-valeur pour l’objet fichier. Chaque valeur correspond à une entrée dans le tableau post que nous avons récupéré plus tôt. Nous précisons ensuite le gabarit à utiliser et indiquons le contenu (le plugin metalsmith-layouts a besoin de ces deux valeurs pour fonctionner).

  4. Après ça, nous stockons cette valeur dans le chemin relatif que nous avons défini plus tôt.

  5. Une fois qu’on a fait ça pour tous les articles, nous appelons la fonction de callback done pour indiquer la fin du traitement par nos plugins.

Parfait. En quelques lignes de code nous avons dit à Metalsmith d’étendre les fichiers qu’il transforme déjà avec les fichiers que nous récupérons à partir d’une API. C’est ce qui rend Metalsmith extrêmement puissant, car vous n’êtes plus lié à un seul et unique CMS. Vous pouvez même vous brancher sur différents systèmes de gestion de contenu, récents ou plus anciens, et ne produire qu’un seul fichier en sortie. Trop bien !

Script de génération pour Metalsmith

Nous voulons pouvoir utiliser notre nouveau plugin de manière très simple lors de l’enchaînement des traitements par Metalsmith. Nous ne faisons appel qu’au plugin layouts qui va générer un contenu un peu plus sémantique à partir de nos fichiers Handlebars.

const Metalsmith = require('metalsmith');
const layouts = require('metalsmith-layouts');

/** le plugin  **/

Metalsmith('.')
  .use(wordpress(apiURL))
  .use(layouts({
    engine: 'handlebars'
  }))
  .source('./source')
  .destination('./build’)
  .build((err) => {
    if (err) throw err;
    console.log('Finished);
  });

On commence d’abord par récupérer toutes les données depuis l’API WordPress, puis on les fait passer dans le plugin metalsmith-layouts. Puis on lance la génération à proprement parlé. Si vous exécutez ce fichier, vous verrez qu’il génère un dossier build dans votre système de fichier.

Gabarit de page

Le fichier de gabarit est un fichier Handlebars qui définit une structure HTML de base. contents fait référence au champ que nous avons défini plus tôt dans notre plugin Metalsmith pour WordPress. Le reste vient directement de l’objet et intègre automatiquement les données de _embedded l’auteur. C’est tout simple :

<!DOCTYPE html>
<html lang="en">
<head>
  <meta charset="UTF-8">
  <title>{{title.rendered}}</title>
</head>
<body>
  <h1>{{title.rendered}}</h1>
  {{{contents}}}

  <aside>
    by {{_embedded.author.0.name}}
  </aside>
</body>
</html>

Étape suivante

Excellent ! Après m’être familiarisé avec l’API de WordPress, avoir récupéré tous les contenus, créer des sites statiques à partir des données a été un jeu d’enfant. J’ai créé un dépôt à valeur d’exemple sur GitHub. Dites-moi ce que vous en pensez.

L’étape suivante serait de créer un petit plugin WordPress (un vrai avec du PHP et tout) qui utilise le hook de publication pour activer automatiquement votre système d’intégration continue. Mais vu la richesse de l’écosystème de WordPress, il se pourrait bien de quelque chose de ce genre existe déjà.

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